04/2023, Séquences bois, Français 21x29,7cm, ISBN: Commandes en ligne en pause — de retour début 2024 !
Revue de référence, Séquences Bois valorise depuis de nombreuses années les qualités de la construction bois auprès des professionnels de la création architecturale. Couvrant un large panel de typologies, ses numéros thématiques présentent des systèmes constructifs riches et variés réalisés à partir du matériau naturel et renouvelable qui bénéficie d’un intérêt ascenscionnel dans le secteur du bâtiment. À travers ses différentes rubriques - « Détail », « Réalisations », « Mise en œuvre » et « Intérieur-Design » - le magazine offre une analyse minutieuse de la production contemporaine sous forme d’articles, de focus et de dessins techniques. Séquences Bois est édité par le Comité National pour le Développement du Bois (CNDB), organisme français de promotion pour l’utilisation du bois dans la construction et l’aménagement, créé en 1989 par l’ensemble des professionnels de la filière bois. AVRIL - MATIÈRES À RÉFLEXION : Une architecture c’est un tas - qui révèle les savants équilibres que les pierres ont su trouver entre elles, pour s’élever, ensemble(1) - mais c’est aussi un trou quelque part. Une pensée architecturale fertile ne peut émerger sans un vif intérêt à la matière. Porter attention à ce trou, à ce que l’on extrait souvent loin de l’horizon de notre regard, c’est assumer la responsabilité que l’acte de bâtir n’est pas anodin et en comprendre son impact. Aujourd’hui, la plupart des bâtiments ont perdu ce qu’ils puisaient dans leurs territoires et ne nous permettent plus de nous y relier. Ils continuent, avec des pratiques dispendieuses, de produire des trous que nous décidons collectivement d’ignorer. Apprendre avec humilité des architectures vernaculaires ne nous dispense pas un regard critique, nécessaire pour inventer des pratiques contemporaines. Les bâtisseurs d’hier ont toujours su construire avec ce qu’ils avaient à portée de main : durant 12.000 ans, terre, bois, pierre et fibres végétales ont su abriter l’être humain grâce aux savoir-faire et de pensée qui émergeait des lieux. En 200 ans les matériaux industriels, dont il ne faut rejeter le grand intérêt dans de nombreux contextes, ont supprimé l’expérience sensible d’appartenance terrestre que permettait l’architecture. Les produits industriels sont de la matière morte(2), « ils sont à notre image : déracinés et désincarnés. »(3) L’architecte doit être garant de l’équilibre entre le besoin primaire de protection de l’homme et celui des milieux qu’il habite. Il lui incombe alors de maitriser la technicité des matériaux durables pour faire la démonstration de leur l’efficience autant que celle des filières raisonnées, en allant à la source du matériau. L’enjeu de ce numéro est de démontrer que l’emploi de matières naturelles n’est pas un «effet de mode » supplémentaire, bien qu’il n’échappe pas au risque de récupération et de dévoiement, mais bien une manière de redonner au corps et à l’émotion une importance, dans une époque où nos décisions sont de plus en plus guidées par des algorithmes. Mais ne nous y trompons pas, l’emploi de matières durables ne suffit pas à fabriquer une bonne architecture et elles tendent encore à trouver une écriture qui leur est propre. Le plus enthousiasmant reste que parler de matière, c’est nécessairement rendre compte de la réforme profonde des disciplines de la construction qui s’impose, face aux enjeux actuels. C’est questionner nos rapports au temps et au travail, en le valorisant plutôt que l’achat de produits transformés onéreux mis en œuvre à bas prix. C’est démontrer tout l’intérêt d’un d’un réseau de proximité. C’est mettre en évidence, au milieu de l’angoissante normativité ambiante, toute l’énergie humaine derrière ces constructions. La fierté, l’épanouissement et la convivialité que peut générer un chantier. Une convivialité retrouvée dans tous les chaleureux échanges de la fabrication de ce numéro. Composé des récits partagés, il est une tentative de donner matière à réflexion, mais surtout à sensation. 1- Au milieu du désordre, Pierre Meunier, 2004 2- Gilles Perraudin, Le Philotope n°12, 2016 3- Romain Anger et Laeticia Fontaine, amàco, Le Philotope n°12, 2016