résumé

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses villes d’Europe et d’Asie ont dû être reconstruites. Partant de ce constat et de sa propre expérience d’architecte, Łukasz Wojciechowski a inventé l’histoire de la reconstruction d’une ville non identifiée et la raconte dans Ville nouvelle, qui vient de paraître aux Éditions çà et là.

Son récit est construit en quatre étapes, de 1958 à 1977, montrant le travail d’une équipe d’architectes. Chacun de ces chapitres suit le même schéma : le chef de projet quitte son domicile, rejoint le « Bureau de reconstruction », qui avec le temps, dans un glissement de vocabulaire révélateur, devient « Bureau de construction » puis « Laboratoire de projets » et « Unité de conception », et se réunit avec ses collaborateurs. Quelques pages montrent ensuite les architectes au travail dans leur atelier, avant le retour au domicile du chef de l’équipe.

Le fond et la forme se rejoignent intégralement dans Ville nouvelle. Entièrement réalisée avec le logiciel AutoCad, sa bande dessinée en images vectorielles à la ligne aussi fine que géométrique semble avoir été réalisée par les machines qu’il met en scène dans son dernier chapitre. Mais l’histoire et les dialogues contredisent cette impression. L’auteur s’est amusé avec son outil, sans en faire le prétexte de son travail.

Łukasz Wojciechowski joue également avec les références. Il se moque de Le Corbusier, évoque notamment Oscar Niemeyer et Brasilia, Auguste Perret et Le Havre, cite Bernard Tschumi, Claude Parent et Constant Nieuwenhuys. Ces dessins rappellent les plans de Cedric Price ou ceux de J.B. Bakema pour Amsterdam et sont imprégnés du design des Trente Glorieuses comme l’est la maison du film Mon Oncle de Jacques Tati. Ce réseau de noms et d’images enserre son récit dans une toile de réalité qui en contrebalance l’aspect dystopique.

Ludique et élégant, Ville nouvelle est donc aussi un livre politique. Il prône une conception de l’architecture qui tienne compte des avancées des techniques et de la technologie, mais qui n’oublie jamais de mettre l’humain en son centre. Une façon de rappeler également que la maîtrise des outils est vaine si elle ne s’accompagne pas d’une réflexion sur ceux-ci et sur l’usage que l’on en fait.

auteur(s)

Lukasz wojciechowski