résumé

L'architecte japonais Arata Isozaki considère les bâtiments non pas comme des objets morts mais comme des événements qui englobent le contexte social et historique - qui ne doivent pas être définis pour toujours par leur « matérialité éternelle » mais comme des textes à interpréter et à relire continuellement. Dans Japan-ness in Architecture, il identifie ce qui est essentiellement japonais dans l'architecture du VIIe au XXe siècle.

Dans l’essai d’ouverture, Isozaki analyse les luttes des architectes japonais modernes, y compris lui-même, pour créer quelque chose d’uniquement japonais à partir de la modernité. Il revient ensuite dans l'histoire pour découvrir ce qu'il appelle le caractère japonais du sanctuaire Ise du VIIe siècle, de la reconstruction du temple Todai-ji du XIIe siècle et de la villa impériale Katsura du XVIIe siècle. Il considère que le déplacement rituel périodique des quartiers d'Ise va à l'encontre du concept occidental de permanence architecturale, et que la répétition du rituel est une alternative à la quête anxieuse des origines de la modernité. Il fait remonter le « pouvoir constructif » du temple Todai-ji à la vision du directeur de sa reconstruction, le moine Chogen, dont il considère le pouvoir imaginatif comme correspondant à la tourmente révolutionnaire de l'époque.

La Villa Impériale Katsura, avec ses espaces chimériques, a atteint son propre caractère japonais en réinventant le style traditionnel shoin. Et pourtant, écrit Isozaki, ce que d’autres considèrent comme l’esthétique japonaise est souvent à l’opposé de cette japonité essentielle née dans les moments d’autodéfinition historique ; la stylisation épurée – ce qu'Isozaki appelle « Japanesquisation » – manque de l'énergie de la transformation culturelle et reflète un retranchement insulaire en réponse à la pression d'autres cultures.

auteur(s)

Arata Isozaki