Pauline Barzilaï a étudié à la HEAR (Strasbourg) et à la Kunsthochschule Weissensee (Berlin), entre 2006 et 2011. Sa formation, portant sur l’illustration et l’image imprimée, l’a menée à développer une pratique protéïforme, mêlant dessin, livre, peinture, textes, images imprimées et animées. Active dans l’univers créatif associatif, elle collabore à de nombreux fanzines et festivals. Elle a illustré des livres jeunesse, notamment le très beau Maddi dans la grotte.
Site internet : paulinebarzilai.com
Instagram : @paulinebarzilai
"J'ai vraiment essayé de choisir les livres qui m'accompagnent, mais aussi que je trouve singuliers en tant que livres - il y a des livres qui me suivent aussi beaucoup mais parce que j'aime le travail de l'artiste"
/ Ariel, de Sylvia Plath, publié chez Gallimard
Pauline Barzilaï : Je reviens toujours à ce recueil de poèmes, qu’elle a écrit juste avant sa mort. Ils sont si beaux qu’ils génèrent des tableaux mouvants et colorés, différents à chaque lecture. Ses textes sont incisifs, drôles, émouvants, avec une rythmique limpide qui ne doit pas être si facile à créer pourtant. Ils me donnent envie de faire des équivalents mais en images.
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/ Mers Glaciers Volcans, publié chez Larousse, éditions de 1958
Pauline Barzilaï : Ce livre me suit dans mes différents ateliers depuis des années. Rien que le titre est merveilleux. C’est vraiment un livre dans lequel je ne regarde que les images, une alternance de magnifiques photos de paysages en n&b et en couleur, accompagnées de légendes un peu pathétiques comme celle-ci : Dressés vers le ciel, ces pinacles de glace, aux formes étranges, sont rongés par la fonte et par la sublimation; les rayons du soleil ont ciselé cette dentelle. Je m’en inspire beaucoup dans mon travail et c’est un des rares livres de ce type dans lequel je n’ose pas peindre.
/ Je dors, je travaille, de Valentine Schlegel, édité par Hélène Bertin et Charles Mazé & Coline Sunier, publié avec <o> future <o> et le CAC Brétigny
Pauline Barzilaï : Je suis fascinée par cette artiste depuis que je l’ai découverte, un peu en même temps que tout le monde, grâce à ce livre autour de son travail notamment. Le titre dit beaucoup de son rapport au travail, inséparable de la vie (quotidienne). J’aime qu’elle soit une artiste « du quotidien », faisant des choses simples et magnifiques sans les hiérarchiser, souvent avec des ami.e.s ou avec des enfants, dans et pour la maison, des choses pour tous les jours, hors des chemins de l’art contemporain, à la croisée du design, de l’architecture intérieure, de la sculpture, de l’artisanat… J’aspire à un équivalent dans ma pratique artistique.
/ Le mur invisible, de Marlen Haushofer, édité chez Babel
Pauline Barzilaï : Un matin, une femme découvre un immense mur invisible et infranchissable tout autour du chalet qu’elle occupe dans une forêt autrichienne. Au-delà, le temps semble s’être arrêté. Elle doit à présent survivre seule dans ce territoire restreint. Elle nous raconte elle-même ce récit sur des papiers qu’elle trouve (qu’est-ce que cela dit déjà de l’après-histoire ?). J’aime que le fantastique serve juste à poser le mur, ensuite c’est vraiment le réel de la survie, du rapport à la nature, aux animaux, au temps, et à la condition féminine… Depuis que je l’ai lu je repense très souvent à ce récit, très beau et très singulier.
/ Conte pour ses enfants, de Friedrich Dürrenmatt, éditions Passage piétons
Pauline Barzilaï : Comme c’est écrit sur un des rabats, « Friedrich Dürrenmatt a peint cet album en 1956 dans le sud de la France durant les vacances familiales ». Ce grand album réunit donc 15 grandes peintures réalisées au fur et à mesure que ses 4 enfants inventaient une grande histoire avec lui. Ce qui me touche dans ce livre ce sont les peintures (superbes et très drôles), et l’histoire derrière le livre - même si l’édition en elle-même, qui date de 2013, n’est malheureusement pas très réussie.
/ Toorist, Danslecieltoutvabien, auto-édition, 2016
Pauline Barzilaï : J’adore ce petit fanzine du dessinateur Danslecieltoutvabien, que je trouve à la fois très beau et très drôle. Comme un recueil de petits polaroids dessinés aux feutres à alcool, des personnes avec de grosses têtes bizarres avec de grands yeux (comme s’ils portaient un masque ou une cagoule qui les rendraient un peu idiots), prennent la pause devant des paysages crépusculaires.
/ Parallel encyclopedia, de Batia Sutter, édité chez Roma Publication
Pauline Barzilaï : J’adore me perdre dans ce recueil d’images collectées dans une multitudes de livres ou d’autres encyclopédies, qui raconte comme une histoire du monde, passant du mouton au nuage, ou de la surface de la mer à des électrogrammes. Les changements d’échelles, les associations d’idées ou de formes, la mise en page, créent des histoires différentes à chaque passage, belles, inquiétantes ou surprenantes.
/ Inventer l’école, penser la co-création, Marie Preston, édité par le CAC Brétigny et Tombolo Presses
Pauline Barzilaï : Ce livre recueille des documents d’archive, des entretiens, des témoignages et des textes sur des écoles qui ont mené des projets « singuliers » avec les enfants, ou réfléchi à des méthodes et pratiques pédagogiques différentes, avec toujours l’idée sous-jacente d’un vivre-ensemble et d’une autonomisation des enfants (par exemple gérer un restaurant, un journal…). C’est un super travail de recherche, très intéressant aussi sur le plan politique, et parfois aussi drôle et émouvant.